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14 ème article :

En ce lendemain de Noël, fête qui rassemble les gens dans la joie le plus souvent mais amplifie parfois la sensation que nous avons d’être responsable des autres et de leur bonheur, j’ai envie d’écrire au sujet de la culpabilité. Se sentir coupable est assez commun. Cela apporte néanmoins plusieurs inconvénients.

 

1) Je ne m’occupe pas de moi mais des autres :

Quand je me sens coupable par exemple de la tristesse de la belle mère, des difficultés du fils de la voisine, des chiens de la SPA, des 3 associations qui me harcèlent en bas de chez moi, des bretons qui n’ont pas la météo des niçois , des niçois qui n’ont pas les belles tempêtes marines des bretons, des personnes qui me semblent souffrir plus que moi, des autres qui me semblent ne pas avoir assez de challenges dans leurs vies pour évoluer, des moments ou je me respecte en disant non à quelqu’un, des sacrifices que je ne fais pas car je préfère être en accord avec moi-même, des personnes qui se posent en victime dans mon entourage, d’autres qui tentent parfois de m’empêcher d’avoir un point de vue différent du leur, du surplus d’emballages sur les denrées qui polluent la terre, des personnes qui réagissent en fonction de leurs blessures et de leurs égos, du collègue qui vomit son malheur, qui se répand sur l’autre et de la vie des autres en général, je ne m’occupe pas de moi !

 

Quels sont les bénéfices secondaires à me sentir coupable pour tout et son contraire :

 

a) Je me pense la sauveuse de l’humanité et je joue à sauveur-bourreau-victime. Le livre de Christel Petitcollin « Victime, bourreau ou sauveur : comment sortir du piège ? » est bien intéressant sur ce sujet.

b) Je me donne une place de personne indispensable pour les autres. Ainsi, je pense être aimée de façon durable et cela me rassure.

c) Je ne regarde pas en face mes incohérences, mes zones d’ombres, mes failles à travailler chez moi. Hé oui ! car je n’ai pas le temps ! Je suis trop occupée à voir ce qui ne va pas chez les autres. Alors, je ne vis pas vraiment ma vie et ne veut pas voir là où j’ai à progresser.

d) Je me plains d’être débordée par les autres et de ne pas avoir une minute à moi ce qui renforce ma place de personne indispensable.

e) Je crois avoir un pouvoir que je n’ai pas : changer les autres.

 

2) Je ne développe pas mon plein potentiel :

Comme je suis centrée sur les autres, j’en oublie de vivre ma vie et ceci a plusieurs conséquences :

a) D’une part, une partie de moi peut ressentir de la frustration parce que je ne m’occupe pas de mes besoins mais de ceux des autres… Il se peut alors que j’ai de grandes attentes envers les autres pour qu’ils devinent mes besoins et s’en occupent ! Sauf que les autres ne fonctionnent peut être pas comme moi à la culpabilité et que ce fonctionnement n’est pas sain puisqu’il marche sous forme d’obligations.

b) Ne vivant pas ma vie donc pas toutes mes émotions, il se peut que je développe une maladie plus ou moins importante parce que mon corps veut me montrer que mon attitude ne convient pas pour mon épanouissement. En effet, je rend responsable les autres de mes émotions et je ne vis pas mes émotions à moi. Je n’exprime pas mes émotions ou je les enfouies et elles pourrissent à l’intérieur de moi.

Ma frustration

grandit encore et mes limites sont amplement dépassées mais je ne m’en rends pas compte. Une goutte d’eau pourra faire déborder le vase alors parce qu’il est remplit à ras bord.

c) Je ne réalise pas mes projets et je vis dans un environnement ou j’ai la sensation de manquer de temps et de courir toute la journée. Je projette alors parfois mes manques sur les autres soit en voulant qu’ils fassent des choses que je n’ai pas pu faire (études, choix de vie, …), soit en voyant chez l’autre les limites que j’ai mais que je ne veux pas voir chez moi, soit d’une autre manière. J’oublie que le miroir de l’autre vient me parler de moi et de ce que je n’accueille pas en moi.

d) Me sentir coupable affaiblit ma capacité à agir. En effet, je pense que la culpabilité n’est pas un moteur très efficace sur le long terme pour me donner de la force pour agir. C’est une énergie lourde et elle amoindrit des intentions belles que je pourrais avoir. Agir d’abord par culpabilité et non d’abord par gentillesse ne donnera pas les mêmes résultats. Aussi, je peux me questionner sur mes intentions profondes pour savoir quel est l’élan qui me pousse à agir.

e) Je mords facilement aux appâts des personnes qui essaient de me faire sentir coupable et ils profitent de cela pour m’utiliser. Cela ne me rend pas service car je ne me respecte pas. Eux ne me respectant pas non plus. Si je ne me positionne pas, je les laisse dans leurs rôles de profiteurs et cela ne leur donnent pas la chance d’évoluer.

3) J’apporte une aide qui ne m’est pas demandée :

Parfois, lorsque nous agissons par culpabilité, nous en arrivons à aider ou à rendre dépendant des gens de nous alors qu’ils ne nous ont rien demandé. Ceci ne les aident pas à prendre la responsabilité de leurs vies. Je développerais la notion de responsabilité dans un prochain article. Quand nous aidons une personne qui ne nous a rien demandé, il se peut qu’elle réagisse à un moment de façon agressive parce qu’elle se sent dépossédée de sa vie et nous ne comprenons pas vu tout les efforts que nous faisons pour elle !

 

Aider demande une demande claire

de la personne qui veut être aidée à la personne qui aide et un accord des deux. Sans cela, l’aide peut tourner à l’assistanat, à la manipulation, au flicage, à la prise de pouvoir et en résumé à la diminution de la liberté de l’autre et de la mienne d’ailleurs ! Dans le cadre d’un lieu ou des personnes ont une perte de capacités, ceci est différent mais dans un cadre plus commun, chacun est libre.

Afin de s’apercevoir si on en fait trop,

 il suffit de regarder les réactions des autres qui nous indiqueront que nous empiétons sur leurs libertés. Même une personne très malade psychiquement peut nous dire stop quand nous allons trop loin dans une relation avec elle.

Dans tout les cas, la mesure et le dosage sont à trouver et à remettre en cause à tout moment afin de danser sa vie au milieu des autres danseurs sans se marcher sur les pieds. L’humain a besoin d’espace et il peut être judicieux de prendre du temps pour se recentrer et sentir ou nous en sommes nous dans notre vie, nos choix, nos besoins, nos envies, nos projets et nos émotions.

En résumé :

-Je lâche la culpabilité et je ne mords pas aux appâts culpabilisants
-Je me centre sur ma vie et je nourris mon bonheur ce qui est inspirant pour les autres
-J’apporte de l’aide si une personne me l’a demandé, si je le souhaite et si j’en suis capable
-Je cultive la joie et j’analyse mes intentions avant d’agir
-Je dis de vrais oui et de vrais non
-Je prends soin de mes besoins et je traverse mes émotions

Astuces :

-Je me répète la phrase « Ce qui est à moi est à moi, ce qui est à toi est à toi »
-J’intègre que je ne suis pas le sauveur de l’humanité
-Quand je me sens redevable ou coupable, j’en parle à une personne de confiance
-Je fais du sport pour évacuer le trop plein
-Je médites

En lien mon article :

Faire le ménage !

 

Anne-élise Robert